Un système pyramidal est un système frauduleux permettant de gagner de l’argent en recrutant de plus en plus de nouveaux investisseurs ou vendeurs. On pourrait croire à tort que l’arnaque est facile à déceler, mais les escrocs sont habiles et parviennent à la masquer derrière un système en apparence légal. Comment apprendre à détecter les signaux d’alarme ?
En 2001, une nouvelle société du nom de Fortune Hi-Tech Marketing proposait une opportunité alléchante : travailler pour elle en tant que vendeur freelance afin de vous bâtir « un avenir financier indépendant ». Cette offre s’adressait à tous les candidats intéressés, peu importe leur expérience professionnelle ou leur formation. Il suffisait de verser 100 € à 250 € par an pour obtenir sa licence et commencer à travailler.
Les objets ou services à vendre n’avaient pas vraiment d’importance. Il pouvait s’agir d’abonnements téléphoniques ou même de produits de beauté. En effet, l’objectif n’était pas de vendre un maximum de produits, car ils ne rapportaient que de faibles revenus. En revanche, le recrutement de nouveaux vendeurs était nettement plus rentable (environ 175 € par nouveau membre). Et si ces nouveaux vendeurs parvenaient à leur tour à dénicher de nouvelles recrues, c’était le pactole assuré.
De plus, les vendeurs engagés chez Fortune Hi-Tech Marketing avaient la possibilité d’accumuler des « points » pour gravir les échelons de la hiérarchie. Plus leur niveau était élevé, plus leurs commissions augmentaient. Mais pour atteindre les niveaux supérieurs, il fallait vendre un certain type de produits et recruter sa propre équipe de vendeurs, qui devaient à leur tour en attirer d’autres, etc.
À son apogée, l’entreprise comptait plus de 100 000 vendeurs. 28,2 % d’entre eux n’ont pas gagné un centime et se sont retrouvés avec moins d’argent que le montant cotisé. Parmi ceux qui gagnaient de l'argent, environ 54 % gagnaient en moyenne 80 € par mois. Près de 41 % empochaient 215 € par mois en moyenne. Et quelque 5 % voyaient leur gain atteindre les 2 225 € par mois. Sur les quelque 100 000 employés actifs, 7 vendeurs gagnaient plus d’un million d’euros par mois.
Plus de dix ans après sa création, l’entreprise Fortune Hi-Tech Marketing a finalement été déclarée coupable d’avoir mis en place un système pyramidal, une forme de fraude où les participants gagnent de l’argent en persuadant d’autres membres de rejoindre le groupe. L’entreprise s’était montrée particulièrement habile pour dissimuler ses pratiques, raison pour laquelle elle a su masquer l’escroquerie pendant aussi longtemps.
En général, le fondateur demande aux premiers participants d’investir de l’argent et de faire la promotion du système pyramidal. Le groupe recrute ensuite de nouveaux membres et reçoit une part des contributions des nouvelles recrues, de même que son fondateur. Le schéma se répète avec chaque nouveau groupe et les revenus sont transmis aux niveaux supérieurs. Ce système diffère d’une chaîne de Ponzi. Dans ce cas, l’argent est secrètement transféré aux participants, qui le croient le fruit d’investissements légitimes.
Lorsque le système pyramidal s’étend, il devient plus difficile pour les nouveaux membres de gagner de l’argent. Prenons l’exemple d’un système pyramidal où chaque membre recrute 5 personnes pour réaliser un bénéfice. Le fondateur recrute 5 personnes, qui recrutent chacune 5 nouveaux membres. Au deuxième tour de recrutement, 25 personnes enrôlent à leur tour 5 personnes, soit un total de 125 nouveaux membres. Au quinzième tour, les 1,2 milliard de nouveaux membres devront démarcher plus de 6 milliards de personnes (soit le reste de la population mondiale) pour gagner de l’argent. Dans ce scénario, les membres les plus récents, soit plus de 80 % des participants au système pyramidal, perdent tout l’argent qu’ils ont investi. En réalité, nombre d’anciens membres se retrouvent également perdants.
Les systèmes pyramidaux sont viables tant que les niveaux inférieurs restent plus larges que les niveaux supérieurs. Mais dès que les niveaux les plus bas se réduisent, toute la structure s’effondre. Une telle structure ne peut durer éternellement en raison de la croissance exponentielle nécessaire et de nombreuses personnes perdront inévitablement leur investissement.
Les systèmes pyramidaux sont illégaux dans la plupart des pays (c’est le cas en Belgique), mais ils ne sont pas toujours faciles à déceler. Parfois, ils sont présentés sous la forme d’un « club d’investissement ». Il arrive que la récompense ne soit pas donnée sous forme d’argent, mais plutôt de cadeaux. Il existe aussi les sociétés de marketing multiniveaux comme Herbalife.
Distinguer les systèmes pyramidaux des sociétés de vente multiniveaux légitimes n’est pas une mince affaire. En théorie, la différence réside dans le fait que les membres des sociétés de marketing multiniveaux sont principalement rémunérés pour la vente d’un certain produit ou service, tandis que les systèmes pyramidaux rémunèrent principalement leurs membres pour le recrutement de nouveaux vendeurs. Toutefois, dans la pratique, les sociétés de marketing multiniveaux font souvent en sorte qu’il soit impossible pour les membres de réaliser des bénéfices uniquement grâce aux ventes. De nombreuses sociétés, telles que Fortune Hi-Tech Marketing, se font passer pour des sociétés de vente multiniveaux légitimes en masquant le système pyramidal par un produit ou un service.
Les systèmes pyramidaux ciblent souvent les groupes vulnérables en leur promettant une vie meilleure. Ils séduisent leurs proies en leur faisant miroiter l’espoir d’une plus grande autonomie et d’un accroissement de leurs richesses. Si les participants ne gagnent pas d’argent, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes, et n’accusent pas le système, qui se développe considérablement avant que les membres ne réalisent qu’elle n’engrange aucun bénéfice. Il arrive même fréquemment que les victimes, honteuses, préfèrent s’abstenir d’en parler.
Quelques signaux d’alerte :
Notre pays ne fait pas exception à la règle. Chez nous aussi, des systèmes pyramidaux sont mis en place et font des victimes. En juin 2021, les fondateurs belges de l’entreprise Vitae ont été mis sous les verrous pour avoir créé un réseau social lié à la cryptomonnaie du même nom, qui récompenserait les utilisateurs pour le recrutement de nouveaux membres. En réalité, le réseau - qui opérait depuis la Belgique - visait principalement à enrichir le sommet de la pyramide. Plus de 220 000 personnes ont investi dans la cryptomonnaie.
Dans le cadre de la surveillance financière, l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA) émet régulièrement des avertissements sur les (éventuels) systèmes pyramidaux. Ces dernières années, on a constaté une augmentation de l’activité des entreprises qui commercialisent des programmes informatiques ou proposent des formations au trading de devises étrangères, de cryptomonnaies et de CFD (un certain type de dérivés financiers), qui sont interdits dans notre pays. La commercialisation a généralement lieu par le biais d’une structure pyramidale dans laquelle les utilisateurs du programme doivent recommander d’autres utilisateurs afin de recevoir une commission, une remise sur le progiciel ou un abonnement. Souvent on fait croire aux investisseurs qu’ils peuvent devenir riches en très peu de temps.
La FSMA recommande de suivre ces conseils :
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