Pour la première fois depuis plus de 10 ans, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux. Mais que cela signifie-t-il exactement ? Et dans quelle mesure cette hausse affectera-t-elle votre épargne, vos emprunts, votre habitation et votre pouvoir d’achat ?
La hausse du taux de la BCE amorcée au mois de juillet est principalement due à une inflation galopante. La reprise rapide après la crise du coronavirus, les difficultés rencontrées par les chaînes d’approvisionnement et la guerre en Ukraine, entre autres, ont fait grimper en flèche le prix de nombreux biens et services. Une inflation éclair qui s’avère néfaste pour l’économie et cause l’incertitude des consommateurs et des entreprises.
Afin de freiner l’inflation et d’assurer la stabilité des prix, la BCE a décidé de relever ses taux. Cette hausse fait en quelque sorte office de pédale de frein (alors que la baisse du taux agit comme un accélérateur). Un taux d’intérêt plus élevé rend l’emprunt plus coûteux, ce qui fait diminuer les dépenses des particuliers et des entreprises. Par conséquent, la demande baisse et les prix augmentent moins rapidement, ce qui réduit l’inflation.
Il va sans dire que le relèvement du taux est un exercice particulièrement délicat. En effet, pas question de paralyser l’économie, seulement de la ralentir. C’est pourquoi la BCE augmente son taux petit à petit, afin de permettre à l’économie « d’atterrir en douceur ». À terme, l’objectif de la BCE est de stabiliser l’inflation autour d’un niveau de 2 %. Pour comparaison, l’inflation dans la zone euro affichait encore un taux de 8,6 % en juin, selon les chiffres préliminaires.
La Banque centrale européenne utilise trois taux d’intérêt directeurs différents :
La BCE a relevé tous ses taux directeurs de 50 points de base. Mais c’est surtout le dernier taux directeur, le taux de dépôt, qui est important pour un particulier. Les deux autres taux peuvent également jouer un rôle, mais leur impact sur la vie quotidienne est moins direct et pas forcément pertinent.
La BCE devrait augmenter encore le taux de dépôt ainsi que ses autres taux directeurs (sur une base régulière) dans un avenir proche si les perspectives d’inflation le justifient.
En principe, les hausses de taux de la BCE devraient également se traduire par des hausses de taux d’intérêt sur les comptes d’épargne. Toutefois, ce phénomène ne se produit pas nécessairement, ou du moins pas immédiatement. Ces facteurs dépendant de la stratégie de la banque. Chez NIBC Direct, par exemple, nous avons récemment augmenté le taux d’épargne sur le Compte Fidélité NIBC Direct ; les comptes à terme NIBC Direct à partir d'un an ont également vu leurs taux d'intérêt augmenter.
Les banques utilisent l’épargne pour investir et accorder des prêts aux particuliers, aux entreprises ou à d’autres banques. Cependant, elles ne sont pas autorisées à prêter ou à investir tout l’argent. En effet, elles sont soumises à une obligation de réserve, autrement dit, elles doivent garder un montant minimum « à disposition ». Lorsqu'une banque possède un excédent (l’argent qui n’est pas utilisé pour les investissements, les prêts ou la réserve), deux options s’offrent à elle : placer l’argent sur un compte à la BCE ou le conserver sous forme d’espèces. Mais la détention d’argent liquide est coûteuse, notamment parce que la banque doit disposer d’un lieu de stockage sécurisé. Il est dès lors plus probable que la banque décide de placer l’excédent sur un compte à la BCE. Jusqu’à récemment, le taux de dépôt était négatif, ce qui signifie que le placement de l’argent excédentaire auprès de la BCE coûtait plus cher à une banque qu’elle ne lui rapportait. En juillet, le taux de dépôt est passé de -0,50 % à 0 %.
Selon plusieurs économistes, la BCE augmentera à nouveau le taux au mois de septembre. Par conséquent, non seulement les banques ne paieront plus un taux d’intérêt pénalisant pour l’épargne excédentaire déposée auprès de la BCE, mais elles percevront à nouveaux des intérêts.
Enfin, certaines banques en Belgique appliquent un taux d’intérêt négatif lorsqu’un certain seuil d’épargne est dépassé (par exemple, lorsque le compte affiche plus de 500 000 €). Dans la perspective d’une hausse des taux, quelques banques ont déjà annoncé la levée de certains seuils.
Vous avez un emprunt à taux d’intérêt fixe ? Rien ne change pour vous. Par contre, si vous possédez un emprunt à taux d’intérêt variable, celui-ci risque bien d’augmenter lors du prochain ajustement, si la tendance se poursuit. Le moment où l’ajustement prend effet dépend de votre emprunt. Il peut s’agir d’un rythme annuel, d’un rythme triennal, d’un rythme quinquennal, d’un rythme décennal puis quinquennal, etc.
La perspective d’un relèvement des taux par la BCE a déjà provoqué une hausse des taux hypothécaires au cours des derniers mois. Ceux qui souhaitent contracter un emprunt hypothécaire à taux d’intérêt fixe ou un crédit pont bénéficieront également de conditions moins favorables. Par exemple, selon le baromètre des taux d’Immotheker Finotheker, les personnes ayant contracté un emprunt à taux fixe sur 25 ans ont payé en moyenne 2,99 % début juillet, contre 1,6 % en janvier (pour une quotité comprise entre 0 et 80, c’est-à-dire que vous empruntez au moins 20 % de la valeur d’achat).
Les taux d’intérêt directeurs de la BCE ne sont pas les seuls à avoir une incidence sur les crédits hypothécaires en Belgique. Les taux d’intérêt belges à long terme (par exemple, le taux des obligations d’État à 10 ans) jouent également un rôle. La décision de la BCE a poussé les taux d’intérêt à long terme belges au-delà des 2 % en juin pour la première fois depuis 2014. En d’autres termes, le Trésor public belge doit payer plus d’intérêts pour se financer, ce qui a également pour effet de rendre plus coûteux l’emprunt pour un logement.
La hausse des taux d’intérêt sur les emprunts constitue un frein aux prix de l’immobilier. Il est donc tout à fait possible que les prix des logements n’augmentent plus aussi fortement qu’au cours des dernières années, et qu’ils stagnent, voire baissent. Si vous n’avez pas l’intention de vendre dans les années à venir, ce changement n’a guère d’importance pour vous. Par contre, si vous avez l’intention d’acquérir un bien, vous disposerez peut-être d’une plus grande marge de manœuvre pour négocier le prix (mais votre emprunt vous reviendra plus cher).
Les hausses de taux d’intérêt dans un avenir proche n’entraîneront pas nécessairement une baisse des prix dans les magasins. Ne comptons pas sur une diminution du coût des biens et des services de sitôt. Une fois les prix en boulangerie ou en supermarché augmentés, il faut encore beaucoup pour les faire redescendre. Pas de baisse des prix à l’horizon donc, mais nous pouvons espérer une baisse des augmentations au fur et à mesure des hausses de taux plus nombreuses et plus importantes.
Avez-vous une question à nous poser ? Nous vous rappellerons au moment qui vous convient.
Prenez rendez-vous